Traces d'argumentation dans les fragments oratoires de Symmaque

Résumé

Les discours de Quintus Aurelius Simmachus ne peuvent être examinés que partiellement selon les critères de l’analyse rhétorique classique. Cette considération se fonde, avant tout, sur le caractère fragmentaire des textes examinés, élément qui rend leur interprétation globale difficile, également pour des raisons inhérentes aux nombreux problèmes qui se posent lors de la reconstruction textuelle. En outre, conformément à ce qui se passe très fréquemment dans l’Antiquité tardive, les oraisons en question sont affectées par la réduction des différences entre les genres. En effet, trois des huit discours sont des panégyriques (deux dédiés à Valentinien I^er et un à Gratien) et, bien qu’ils semblent à première vue conformes aux règles du genre, ils révèlent en même temps des particularités qui ne les rendent pas tout à fait comparables aux discours encomiastiques que l’on trouve, en restant dans la sphère latine, dans le recueil de douze panégyriques attribués à divers auteurs (pas toujours identifiables) entre la fin du III^e et le IV^e siècle. À la lumière de ces prémisses, on peut comprendre comment les panégyriques des empereurs composés par Symmaque, bien que n’étant pas formellement requis pour persuader un auditoire, peuvent contenir des éléments typiques des oraisons judiciaires et délibératives. Ce n’est pas une tâche facile, étant donné que l’éloge du princeps doit s’harmoniser avec les positions idéologiques que l’aristocratie sénatoriale païenne, profondément liée à une vision nostalgiquement républicaine, continuait à défendre, malgré la perte progressive de poids au sein de l’appareil étatique romain. Diverses stratégies argumentatives sont employées par Symmaque : elles vont de la sententia habituelle à l’exemplum, sans renoncer à l’amplificatio, en suivant une ligne prescriptive qui part des passages sur le discours épidémique que l’on trouve dans la Rhétorique d’Aristote. Enfin, au-delà de l’aspect purement technique, on peut noter comment la structure de l’argumentation symmachienne est influencée par la formation éminemment politique de l’orateur, de ce point de vue, au-delà de différences inévitables et significatives, une continuation d’une vision authentiquement cicéronienne de l’art oratoire