La peur d’une construction libérale de l’Union européenne et de la fin de l’État-providence : positions euro-critiques au sein du socialisme français à l’occasion des référendums sur le Traité de Maastricht et sur la Constitution européenne
DOI:
https://doi.org/10.13135/2611-853X/3281Keywords:
socialisme français, intégration européenne, Euro-criticisme, Laurent Fabius, Jean-Pierre ChevènementAbstract
En France, les référendums sur la ratification du Traité de Maastricht et du Traité constitutionnel, qui se sont respectivement déroulés le 20 septembre 1992 et le 29 mai 2005, furent des événements décisifs pour l’histoire de la construction européenne et de division pour la sphère socialiste française, mettant en évidence les fractures au sein du Parti socialiste (PS) sur la nature du processus d’intégration européenne, sur le plan économique, social et institutionnel. Ces divisions étaient en partie déjà apparues en mars 1983, sur la politique économique adoptée par le gouvernement Mauroy pour garantir la permanence de la France dans le Système monétaire européen. Les socialistes français se divisèrent, en outre, sur le Projet Spinelli, en optant pour l’abstention à l’occasion du vote au Parlement européen en février 1984. En 1992, après le choix de François Mitterrand d’organiser un référendum sur la ratification du Traité de Maastricht, et après les résultats du Congrès de Bordeaux, où le PS se prononça en faveur du « oui » au référendum, Jean-Pierre Chevènement quitta la Direction du parti pour s’engager dans la campagne en faveur du « non » et fonder le Mouvement des Citoyens (MDC), avec Max Gallo à la présidence. Le MDC constituait encore une composante du PS, dont il se sépara en avril 1993 pour se transformer en un parti en décembre de la même année. Puis, il y eut le référendum sur le Traité constitutionnel européen. Le PS organisa, entre ses membres, le 1er décembre 2004, un référendum sur le Traité qui vit prévaloir le « oui » à la ratification, mais des dirigeants socialistes importants, comme Laurent Fabius, Marc Dolez, Jean-Luc Mélenchon et Henri Emmanuelli, soutinrent le « non », pendant la campagne pour le référendum national. En dehors du PS, Chevènement fit – lui aussi - campagne en faveur du « non ».