Peurs de l’« Orient » en Europe occidentale au tournant du XXe siècle
DOI:
https://doi.org/10.13135/2611-853X/2918Keywords:
Orientalism, ‘yellow peril’, turkophobia, islamophobia, Press, orientalisme, « péril jaune », turcophobie, islamophobieAbstract
Between the Boxer rebellion in 1900, the Russo-Japanese war of 1904-1905 and the Balkan Wars of 1912-1913, a series of events, shaped or reshaped the media framework for the perception of what it was viewed as the ‘oriental’ otherness, associated to barbarity, cruelty, fatalism, and standing as a symbol of inevitable enemy of Western European societies. This process going hand in hand with the spread at the public space, of discourses upon decadence or degeneracy of these societies and racialist/racist theories, generated fears towards the ‘Orient’. Haunted by loosing their political, cultural or economic supremacy, at the benefit of states, such as the Ottoman or Chinese empires, various fractions of French or British public opinion, fuelled the newspapers with turkophobic or sinophobic discourses. As similar phenomena reappear in the public space nowadays, concerning the role of China within the international economic or political relations, perceived as worrying and threatening, or the reluctances regarding Turkey’s membership to the EU, this paper aims at locating the expression of such ‘fears’ at the turning of the 20th century, within the newspapers, political essays or travel literature, mainly in France and Great Britain. Inspired by the concept of ‘politics or culture of fear’ elaborated by Ruth Wodak, it is about to study how these discursive strategies related to fears for the ‘Orient’, are developed and put in stage in Western Europe’s media space at the end of the 19th and the beginning of the 20th century.
Keywords: Orientalism, ‘yellow peril’, turkophobia, islamophobia, Press
Résumé
Entre la révolte des Boxers en 1900, la guerre russo-japonaise en 1904-1905 et les conflits balkaniques de 1912-1913, une série de tournants événementiels dessinent ou redessinent le cadre médiatique de la perception de ce qui a été représenté comme l’altérité « orientale », associée à la barbarie, la cruauté, le fatalisme, et érigée en ennemie inéluctable des sociétés européennes de l’Europe occidentale. Ce processus allant de pair avec la diffusion dans l’espace public d’une part, de discours sur la décadence et la dégénérescence de ces sociétés, et de l’autre, de théories racialistes-racistes, donna lieu à l’éclosion de peurs à l’égard de cet « Orient ». Hantées par la crainte de voir la suprématie politique, culturelle ou économique de leurs pays remise en question par des États tels que l’Empire ottoman ou chinois, des fractions importantes de l’opinion publique en France ou en Grande-Bretagne, ont alimenté dans la presse des discours sinophobes ou turcophobes. De même qu’il est intéressant de remarquer la résurgence de nos jours, sous une forme similaire de tels discours et de telles représentations à propos du rôle de la Chine dans la politique et l’économie mondiales, considéré comme inquiétant et menaçant, ou l’expression de réticences à l’égard de l’adhésion de la Turquie à l’UE, cet article vise à repérer dans la presse, les essais politiques ou les mémoires de voyage, principalement en France et en Grande-Bretagne, les traces de ces « peurs » au tournant du XXe siècle. Dans le sillage de la notion de « politics or culture of fear » élaborée par Ruth Wodak, il s’agit d’étudier à travers la méthode des Critical Discourse Studies, les stratégies discursives des acteurs et la mise en scène des peurs liées à l’Orient dans l’espace médiatique de l’Europe occidentale, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
Mots-clés : orientalisme, « péril jaune », turcophobie, islamophobie, Presse