La peur dans la célébration médiatique du traité de Rome : un opérateur d’identité collective européenne ? Comparaison franco-allemande (1967-2017)
DOI:
https://doi.org/10.13135/2611-853X/2911Keywords:
Commemoration, France, Germany, narrative, press, commémoration, Allemagne, presse, récit,Abstract
On the 25th of March 1957 the Treaty of Rome was signed, establishing the European Economic Community (EEC). Thanks to this treaty — and beyond its economical goals — one of the main fears of the twentieth century, the fear of war, seemed to become obsolete. Since then, this event is periodically commemorated by the governments of the countries that signed the original Treaty. It is also commemorated by the media of these countries, who, each in their own way, make it into a ritual. This article examines how the commemoration in the media participates in the regulation of fear and in its ritualization in the process of European identity building. The aim is also to highlight the role of the press in the regulation of collective emotions. To this end, the article compares a French and a German daily newspaper (published between 1967 and 2017): Le Monde and the Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). Thanks to a discourse analysis, it is shown how the enunciation of fear takes place in two kinds of narrative perspectives: one which looks into the future of Europe (the «expecting horizons »); the other which looks into its past (the « spaces of experience »). The article also highlights how the representation of time and of fears differs from one newspaper to another, and this in the long run.
Keywords: Commemoration, France, Germany, narrative, press
Résumé
Signé le 25 mars 1957, le traité de Rome institue la CEE (Communauté Économique Européenne). Avec elle et au-delà du caractère d’abord économique du traité, l’une des peurs majeures du XXe siècle, celle de la guerre mondiale, semblait pouvoir être rendue caduque. Depuis, cet événement fait l’objet de commémorations régulières qui l’instaure en acte fondateur de l’Europe contemporaine en rappelant notamment cette dimension émotionnelle. Parmi les acteurs de ce travail de mémoire figurent les médias de « référence » des différents pays signataires qui, en célébrant le traité à chacun de ses anniversaires décennaux, au moins, mettent en oeuvre leur propre processus de ritualisation. Dans cette perspective, cet article propose d’examiner en quoi le traitement médiatique commémoratif participe de la régulation de la peur et de sa ritualisation en tant, précisément, qu’opérateur d’identité collective européenne. Ce faisant, il s’agit aussi de penser le rôle central de la presse dans la régulation des émotions collectives. Pour ce faire, l’article prend la forme d’une comparaison diachronique (1967-2017) de deux titres de « référence », français et allemand, Le Monde et la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ). A partir de cette comparaison, adossée à une analyse de type sémio-discursif, cet article montre comment l’énonciation de la peur vient se loger dans deux types de perspective narrative tracés par les journaux : celle des « horizons d’attente » et celle des « espaces d’expérience » européens. Il montre également combien, au-delà d’un comportement commémoratif commun, les représentations du temps et, surtout, des peurs, divergent entre les deux titres de presse et ce, de façon continue.
Mots-clés : commémoration, Allemagne, France, presse, récit